Métamorphoses de sel : les oiseaux
Une proposition d’Antre Peaux
L’exposition Métamorphoses de Sel : les oiseaux catalyse les énergies et récits entrecroisés de matières en tension. À travers ce projet évolutif, Lise Thiollier suit la piste des cristaux de lithium ; d’abord empruntée dans le désert d’Atacama aux piscines salines, c’est dans le granite minier de l’Allier qu’elle la poursuit. Si son geste de sculptrice questionne l’excavation du minerai énergétique, un corps de céramiques cristallisées vient en souligner les subtilités le liant au kaolin. Avec cette présentation au Pôle de la porcelaine de Mehun-sur-Yèvre, les ors blancs se superposent.
Dans des géographies à la grandissante actualité, les matières premières d’objets du quotidien rentrent en collision du fait de leur extraction. Le lithium des batteries, dissimulées sous les capots ou derrière les écrans, se superpose à l’argile blanche kaolinite nécessaire à la fabrication des théières en porcelaine. Dans les gisements de Beauvoir le temps de l’électrique semble remplacer celui de la terre. Ce sont pourtant les rapprochements, les mythes et les secrets de ces matières aux destins enchevêtrés que l’artiste vise à révéler et invite à prendre le temps de déceler.
L’exposition de Lise Thiollier dans le cadre de Bourges Contemporain 2024 se déploie en une présentation dédoublée : dans les galeries, la céramique des sculptures aux formes organiques et narratives poétiques cohabite avec la porcelaine des collections du musée. Dans les Jardins du duc de Berry, une sculpture publique réalisée collectivement revendique une autre temporalité et techniques de construction ; proposant un contrepoint à l’extraction, elle questionne la manière d’habiter un territoire par l’écoute et le don.